Je viens de remettre la main sur un coffret de deux CDs que j’adore écouter. Il contiennent 4 compositions ayant toutes le même objet et d’ailleurs le même tire : Stabat Mater. Vous vous doutez qu’il s’agit de chants religieux. Quatre compositeurs différents s’y sont collés : Szymanovski (Polonais), Rossini et Verdi (Italiens) et Poulenc. Tous quatre ont utilisé le même type de mise en musique avec orchestre, chœur et solistes. Dans aucun des cas on n’a le sentiment d’écouter de la musique d’église, mais bien plutôt du chant choral glorifiant un quelconque culte païen. Chacun reflète assez parfaitement la musique de son époque.
La composition de Francis Poulenc est celle des quatre que j’écoute le plus souvent. Amateur de musique du 20ème siècle, je suis séduit par les formules, les accords, les rythmes, les sonorités, très modernes. C’est une succession de 12 morceaux très courts (durée totale 29 minutes), l’orchestre n’intervenant pas en permanence. Les chœurs ont nettement la priorité. L’intervention de la soprano en soliste dans le 10ème morceau (fac ut portem) est un vrai régal.
Le Stabat Mater de Rossini, lui, est composé de 10 chants différents, d’une durée totale de 51 minutes. Si vous ne reconnaissez pas l’auteur du Barbier de Séville, la Pie Voleuse ou Guillaume Tell, c’est que vous n’avez jamais rien entendu de ces opéras. On retrouve en effet toute l’harmonie, la musicalité, les mélodies joyeuses de ce grand compositeur italien du 19ème siècle. Dès l’entame de l’œuvre, on se demande si on est à l’église ou à l’opéra. Et c’est pareil tout au long de cette composition magnifique.
Verdi, le compositeur d’Aïda, de Rigoletto et de La Force du Destin, était très attiré par le grand spectacle. Cela se retrouve parfaitement dans son Stabat Mater, composé d’un seul morceau celui-ci, de 14 minutes. Là aussi, il n’est pas nécessaire d’être un expert pour bien reconnaître ce grand compositeur dans ce qui fut l’une de ses rares compositions à vocation religieuse, à part son magnifique requiem, bien entendu. Le stabat mater en contient toute la magnificence. La composition pour les chœurs est parfaitement reconnaissable et on a parfois le sentiment que, à la prochaine mesure, c’est la célèbre marche extraite de Nabucco qui va être exécutée.
Karol Szymanowski (1882-1937) est le moins connu des quatre compositeurs. Il fut l’un des chefs de file de la musique en Pologne à son époque. Pour son Stabat mater, composé de 6 morceaux successifs d’une durée totale de 26 minutes, il s’est inspiré de chants religieux traditionnels orthodoxes. L’influence de la musique russe est incontestable et ce stabat mater est très différent des trois autres. Il n’en est pas moins une pièce de grande qualité.
J’ignore si ce coffret de deux CDs est encore dans les bacs chez les disquaires classiques. Mais si vous tombez dessus, n’hésitez pas, c’est un bon investissement que, je crois, vous ne regretterez pas. Ne vous fiez pas aux dates d’enregistrement des œuvres (de 1962 à 1964) : la qualité est bien là, sans distorsion ou crachouillements.
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Les scientifiques lisent des tas de livres et disent ne rien savoir.
Les religieux lisent un livre et prétendent tout expliquer.
Dans la tête à Frédy