La belle époque
Un site assez fascinant sur cette période si féconde pour l'art sous toutes ses formes.
http://www.la-belle-epoque.de/maindxf.htm et en prime une chanson de l'époque
Cette chanson a été créée par Mayol en 1906.
Monsieur François Caradec, auteur de divers volumes sur : Jane Avril, Lautréamont, Alfred Jarry, le Café Concert dont une importante biographie d'Alphonse Allais, nous mentionne que les paroles et la musique de cette chanson sont de Paul Marinier ; que Mayol en a pris lui-même le copyright en 1911 et publié en petit format (chant) avec couverture en couleur de Sem.
Une chanson comme Mayol les aimait : un petit air entraînant, pas trop compliqué, une petite histoire plus ou moins grivoise avec multiples possibilités de «gestes».
Premier enregistrement : 1912 - disque APGA 10088. - Pour entendre cette version (MP3), cliquez ici :
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Paroles :
(Dans les couplets qui suivent, ceux en italiques ne sont pas sur la version endisquée.)
Il l'avait rencontré un soir
Que l'temps s'était mis à pleuvoir
Et comme elle lui sembla jolie
Il l'a pris sous son parapluie.
Elle, c'était un trottin très blond.
Lui, c'était un garçon tout rond,
Qu'avait vraiment l'coeur sur la main
Il n'y alla pas par quat'chemins.
Au bout d'une seconde qu'il l'abritait
Il lui dit : "Si on s'tutorait ?
Refrain :
Ah dis-moi tu, ah dis-moi toi.
Fais donc pas d'manières avec moi.
Comme si on s'rait depuis l'enfance
Vieilles connaissances»
Mais la p'tite lui dit : «Non vraiment.
Je tutoies très difficilement ;
Il faudrait pour qu'je vous dise tu
Qu'on s'connaisse beaucoup plus.»
Ah, dit le jeune homme, s'il n'faut qu'ça
Pour mieux s'connaître on se r'voira!
Et tous les soirs , qu'il vent', qu'il grêle,
Il la ram'nait jusque chez elle.
Même un' fois, pour la mettre en train
Il offrit quatr' vermouth Turin
Et la p'tit',pour s'monter, vida
Tout l'carafon d'Angoustoura:
J'ai l'coeur qui m'brûl', dit-il, oui-da.
Moi, fit-elle, c'est l'estomac
Refrain :
Ah! dis-moi tu! Ah! dis-moi toi!
A présent qu'dans l'mêm' verre on boit,
J'espèr' qu'tu n'vas pas, chérie,
Faire ta Sophie.
Ah! dit-elle avec dignité,
Pour que j'vous tutoie il faudrait
Qu'vous soyez beaucoup pluse ntré
Dans mon intimité!
«Ah, dit l'jeune homme, s'il ne faut qu'ça
Pour mieux s'connaître on s'reverra.»
Et l'dimanche suivant, simple idylle
Il l'amena dans les Bois de Chaville.
Dans les branches, les oiseaux joyeux
F'saient ripipi à qui mieux-mieux.
Il l'amena dans un coin fleuri
Sous l'prétexte de l'faire aussi.
En l'embrassant l'coeur enflammé
Il murmurait d'un ton pâmé :
Refrain :
«Ah dis-moi tu, ah dis-moi toi
C'est l'moment ou jamais, crois-moi.
Enfin, tu tutoies bien ma chère
Ta mère, ton père...»
«Ah, dit-elle d'un p'tit air très froid,
Si vous voulez Monsieur Éloi
Que j'm'imagine que c'est papa
Et bien ôtez donc vot'main d'là !»
Voyant qu'elle ne pouvait pas dire tu,
Comme c'était un garçon têtu,
Qu'que temps après sans plus de manières
Il l'épousait d'vant Monsieur le maire
En s'disant d'un air convaincu :
«Comme ça j'suis sûr d'avoir l'dessus :
Quand j'aurai sa vertu oui-da
Y'a pas d'erreur : elle m'tutoiera.
Et le soir en l'enlaçant
Il lui murmura caressant :
Refrain :
«Ah dis-moi tu, ah dis-moi toi,
Maintenant qu't'es ma p'tite femme à moi.
J'pense que dans l'moment suprême
Tu m'diras j't'aime.»
«Oh non, dit-elle, ça n'y f'ra rien
Car avec Paul Jacques ou Lucien
Plus de vingt fois j'ai essayé
Je n'peux pas tutoyer.